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Erik Magnus Lehnsherr
Erik Magnus Lehnsherr
Ça aurait pu être banal, comme partie de jambes en l’air. Ça aurait pu être une banale soirée, comme n’importe quelle autre soirée, mis à part qu’il y a eu la folie du moment. Erik ne prétendrait pas ça, de passer une soirée banale, sans importance ou parfaitement oubliable.

Faire l’amour à un homme, ça n’est évidemment pas la même chose qu’avec une femme et Erik peut maintenant comparer même si cela fait bien longtemps maintenant qu’il n’a pas touché à une femme. Il peut comparer dans le sens où il peut faire cette différence mais où il ne saurait l’expliquer.
C’est différent, c’est tout.

Il enchaîne les coups de rein, il observe Charles s’alanguir davantage sur le bureau, voir son corps se courber et se cambrer avec un délice certain, la passion et le désir dans le regard. Deux maîtres mots de la soirée sans aucun doute et il sourit, Erik. Il sourit en regardant son amant, il sourit en le laissant partager tout son plaisir et il doit avouer, Erik, que c’est bon. Que c’est parfaitement bon, qu’il sent un deuxième orgasme poindre au fond de lui et qu’il ne pourra pas retenir indéfiniment. Mais cette connexion, entre le télépathe et lui, c’est exceptionnel. Il n’aurait même pas les mots non plus pour expliquer mais c’est parfaitement jouissif, dans le sens littéral du terme et à nouveau, il ne peut retenir ce long gémissement discret qui lui échappe, parce qu’il n’a pas envie de rester non plus silencieux.

Et le terme, le final, cette explosion au creux des reins, quand il atteint son second orgasme, tout aussi bon que le premier, tout aussi puissant et dévastateur, telle une nouvelle vague qui le submerge et coupe son souffle sur l’instant tandis qu’il se répand dans un râle de pur plaisir, s’efforçant de rester le plus silencieux possible même si c’est dur, terriblement difficile de ne pas se laisser aller alors qu’il n’y a que cette envie, de tout lâcher prise. Erik aurait pu tenir un peu plus, peut-être, il ne sait pas. Mais ce que Charles lui envoie comme sensation, tout ce que le télépathe ressent, c’est ça qui l’a submergé. Ce plaisir qui le terrasse littéralement et le fait frissonner une nouvelle fois tout entier. Et il continue quelques mouvements de bassin pour que le professeur, à son tour, puisse atteindre cet orgasme qui montait encore et encor. Une délivrance, quelque part, mais surtout un moment qui peut se qualifier de parfait.

L’Allemand fait redresser Charles en douceur pour prendre son visage en coupe, et l’embrasser lentement, langoureusement, tendrement. Ces lèvres qu’il se surprend à apprécier grandement. Il caresse doucement une des cuisses du brun d’une main en souriant doucement, ne le quittant pas des yeux. Lui non plus n’a pas envie que ce moment s’arrête mais toute bonne chose a une fin et qui sait, peut-être qu’il y aura d’autres soirées comme celle-ci par la suite. Ils n’en savent rien pour le moment, mais le tout c’est d’avoir passer un excellent moment ensemble, intime, pour renouer à deux les plaisirs de la chair.

Déposant un baiser contre le front du télépathe, écartant quelques mèches brunes, Erik lui sourit toujours. Un sourire doux, comblé, satisfait et heureux. Des sentiments qu’il n’avait pas exprimé depuis bien longtemps à une personne qu’il a rencontré. Il n’a pas envie de penser au pire mais seulement au meilleur, garder les souvenirs intacts et ne pas oublier qu’ils ont le droit d’être heureux, eux aussi. Qu’ils peuvent se faire plaisir malgré les peines, la tristesse et les pertes.


C'était comment ?, murmure Erik en tentant de retrouver une respiration à peu près correcte, tout en se retirant lentement des chairs de son amant sans pour autant prendre de la distance entre eux, couvrant Charles de légères caresses çà et là.
Charles Francis Xavier
Charles Francis Xavier
La jouissance n’est pas loin et ça n’est qu’une question de seconde avant qu’elle ne vienne, avant qu’elle n’emporte chacun des deux hommes qui compose cette pièce. Une pièce somme toute normale; un bureau, une table, deux fauteuil. Une cheminée, une table pour les échecs mais rien qui n’appelle vraiment au partage. Charles a déjà joué seul aux échecs, il s’est déjà retrouvé à s’affronter lui-même non pas pour s’améliorer particulièrement, mais parce qu’il se sentait seul à en mourir. Une fois le deuil passé, une fois la mort de sa femme intégré, une fois que ça a cessé de lui brûler la poitrine, il s’en est surtout retrouvé seul. Ce soir, il a l’impression de ne plus l’être tout en ayant parfaitement conscience que ce moment est éphémère. Un moment parmi tant d’autres; peut-être cela recommencera-t-il, peut-être cela sera-t-il la première et dernière fois. Une vague d’émotion submerge Charles alors qu’il ressent la tendresse de ce moment, alors qu’il sent les baisers contre sa peau.

D’un réflexe, il vient s’allonger entièrement sur le bureau, laissant ses jambes s’enrouler autour des hanches d’Erik alors que ce dernier entre et sort de son corps frénétiquement. L’angle change, un cri manque d’éclater alors Charles le rend mental, ce cri. Il se retient autant que faire se peut, s’accrochant au bois mais laissant aller des complaisances mentales plutôt que vocales. Après tout, les enfants sont certes censés dormir mais Wanda est télépathe et pourrait bien les capter si elle est réveillée, Pietro pourrait débarquer dans cette pièce sans que personne ne le remarque, David pourrait simplement sentir que quelque chose n’est pas comme d’habitude et Lorna aurait le pouvoir de réduire cette pièce à néant. Autant dire qu’il fait rester discret mais à ce moment-là, alors que l’orgasme fait crisper le bas-ventre de Charles, ce dernier n’y pense pas. Il n’y pense pas parce que son dos s’arque si fort qu’il semble entendre ses os craquer sous la pression; sa voix se brise au fond de sa gorge alors qu’il serre le bois jusqu’à s’en faire blanchir les jointures et le voilà parti lui aussi. La vague le prend droit aux reins et un long gémissement s’échappe d’entre ses lèvres, alors qu’il vient sur son propre torse, sur un bout de sa chemise.

Dieu que c’était bon, pense-t-il en rompant la connexion entre son esprit et celui d’Erik. Redressé, il laisse ses jambes de chaque côté du corps de son amant et pose son front contre l’épaule de ce dernier, retrouvant son souffle. Ca n’a rien à voir avec un coup d’un soir, réfléchit-il en silence. Un coup d’un soir, ce sont deux personnes qui s’aiment le temps d’un moment passager et qui se quittent l’instant d’après avec la satisfaction d’avoir passé un bon moment. Pas d’attachement, pas de sentiments; mais ces baisers qu’Erik dépose contre la peau de Charles ont quelque chose de tendre et de sincère. Quelque chose qui tourne Charles au plus profond même s’il sait que c’est l’effet post-coïtale qui parle. Il sait que son coeur bat trop fort à cause de l’effort, que ses joues son rouges à cause de l’orgasme. Alors lentement il reprend consistance et redresse le visage, venant frotter son nez contre celui de son amant.

— C’était merveilleux Erik. Pour toi aussi ?

Ose-t-il demander avec un petit sourire. Néanmoins, il ne peut pas rester dans cet état. Alors il se relève doucement et se rhabille sommairement, allant chercher une chemise neuve dans la penderie qui se trouve dans ce bureau -Charles est toujours prêt à devoir se changer dans n’importe quelle circonstance, s’il se trouve en pyjama par exemple et qu’il faut sauter dans la voiture pour amener David quelque part. De nouveau propre, il sourit largement, revenant déposer un baiser contre la tempe d’Erik.
Erik Magnus Lehnsherr
Erik Magnus Lehnsherr
C’est l’apothéose, littéralement. L’apothéose parce que tout le corps de Charles se cambre, se courbe, et s’allonge même sur le bureau d’une manière plus que lascive, qui dilate de nouveau les pupilles de l’Allemand, qui ne perd pas une seule seconde de cette vision. Qu’à son tour, lui aussi fini par céder à l’orgasme, cette vague, ce plaisir immense qui balaye et ravage tout sur son passage. Qui fait énormément du bien.

Et puis cette connexion mentale, ces cris mentaux que Charles lui transmet. Jamais il n’avait ressenti ça, jamais il n’avait eu cette impression d’être submergé à ce point. De perdre complètement pied. Il ne sait plus ce qu’il se passe ici, Erik. Ses enfants ont cessé d’exister, le monde entier a cessé d’exister tout simplement. Seul le moment avec cet homme compte pour le moment.

Malheureusement, malheureusement les bons moments ont une fin. Et une fois que le télépathe reprend lentement pied, que le manipulateur de métal se soit reculé, il se passe ses deux mains dans ses cheveux courts pour les plaquer en arrière en soupirant lentement et se rhabiller un peu  plus mollement et suivre le brun des yeux. Un petit sourire étire ses lèvres en observant son amant d’un soir se rhabiller lui aussi, mais avec une chemise propre.


C’était parfait, répond-il.

Oui, vraiment parfait. Cela faisait si longtemps qu’il n’avait pas fait l’amour, c’est la première fois qu’il fait l’amour avec un homme et il n’est clairement pas déçu. Une belle expérience, parce qu’ils en avaient envie tous les deux, ils se désiraient tous les deux et les choses se sont faites le plus naturellement du monde. Mais ça s’arrête là, et tous les deux le savent alors sitôt Charles définitivement éloigné de lui, il ne cherche pas à se rapprocher, pour l’enlacer et l’embrasser de nouveau. Erik garde ses distances, parce qu’ils ont fait ce qu’ils avaient à faire. Au fond, ils ne s’aiment pas. C’est juste qu’ils avaient envie de se faire plaisir, l’un comme l’autre, que la situation était propice, qu’ils étaient tous les deux prêts à sauter le pas.

Quelque part, à Erik, ça lui manque d’aimer quelqu’un pour ce qu’il est et non pas pour une banale histoire de sexe. Il a aimé ses compagnes, il a été dévasté de leurs pertes et effectivement, il a peur de s’engager de nouveau. Faire l’amour ainsi est un échange de bon procédé. Pas de sentiment, une soirée, et tout le monde est content. Pas plus attristé par ce constat que ça, il se sent seulement de nouveau plus jeune, revenant quelques années en arrière, un peu plus fougueux qu’actuellement - même s’il n’est pas vieux pour autant, pas encore.


Merci pour cette soirée, Charles.

Il lui sourit, effleurant à peine sa peau du bout de ses doigts avant de quitter la pièce et aller se coucher à son tour. Au matin, c’est lui qui réveille ses enfants comme à son habitude. D’ailleurs, en se retrouvant dans ce lit qui n’est pas le sien, il s’est brièvement demandé où il était avant de réaliser. Lorna, Pietro et Wanda, pas du tout réveillés et tous grognons au réveil, descendent pour prendre leur petit déjeuner dans la - très - grande cuisine de la maison Xavier. Pendant qu’ils déjeunent, Erik est parti chercher les affaires de ses enfants, vérifiant pour eux qu’ils n’ont rien oublié - même si ça n’est pas du tout perdu et, une fois que tout ça c’est fait, il va déposer les sacs dans la voiture et enfin revenir s’assoir pour boire un café. A peine levé qu’il est déjà sur des charbons ardents, parce qu’il passe sa vie à tout faire et s’activer pour les autres, une habitude qui ne change pas.

Le petit déjeuner avalé, Erik remercie une nouvelle fois Charles en souriant pour son hospitalité et lui proposant de déposer Wanda le soir venu, si David le souhaite. Evidemment, la fillette est d’accord donc ça ne pose aucun problème de ce côté-là. Et une fois qu’ils se sont mis d’accord, Lehnsherr et sa petite troupe s’en vont, l’Allemand déposant ses enfants à l’école avant d’aller travailler.

La routine reprend très vite sa place les jours qui suivent, même si Erik se bat un peu avec sa fille aînée qui va de moins en moins en cours et qui ne veut pas en parler même si son père le sait, qu’elle sèche. Colérique, et de moins en moins aimable au fil des jours qui passent, Erik est obligé de contrer les pouvoirs de sa fille avec les siens pour qu’elle ne fasse pas de mal à ses deux cadets qui eux, sont terrifiés.

C’est à cause de ça d’ailleurs, avoir accidentellement montré leurs pouvoirs en public, que Lehnsherr se fait expulser, lui et ses enfants, de l’appartement où ils habitent, à quelques jours de Noël.

Un matin, les propriétaires de l’appartement qu’Erik louait sont venus pour leur sommer de dégager - dit ainsi -, se fichant bien de savoir de mettre une famille entière dehors dans le froid de l’hiver qui s’est installé depuis plusieurs semaines.


– Vous me dégoûtez, vous autres Mutos. Allez crever, lâche froidement le propriétaire.

Vous avez pas le droit de nous expulser !, s’exclame Erik, menaçant.

– J’ai tous les droits, et le droit d’expulser des parasites en fait parti.

Erik se crispe en serrant ses jumeaux, s’efforçant de calmer aussi Lorna. Mais il ne peut pas empêcher Wanda de pleurer violemment et d’envoyer involontairement un appel à l’aide mentalement parce qu’elle a froid, et elle est terrifiée.
Charles Francis Xavier
Charles Francis Xavier
La vie reprend son cours et ça n’est pas si mal, pense Charles en aidant David à prendre son bain. C’est une quiétude à laquelle le père et le fils sont habitués depuis presque toujours dans cette maison, même si le fantôme d’une mère; d’une épouse; semble encore quelque part, flottant tout autour d’eux. Cependant, Pietro n’est plus là pour déplacer les objets divers de la maison, Wanda n’est plus là non plus -au grand dam de David même s’il ne le dit exactement-, Lorna n’effraie plus les serviteurs et Erik… oh Erik. C’est avec une tendresse évidente que Charles pense à lui les jours qui suivent. Certes, il n’était pas sa première fois avec un homme, mais il a été sa première fois depuis la mort de Gabrielle. Quelque chose de nouveau, un souffle d’air frais qui lui fait encore du bien à l’heure actuelle. Quelques jours sont passés et Charles reprends sa routine, maintenant que David est assez en forme pour retourner à l’école, et le professeur également.

Charles s’étonne, en cette fin de journée, de ne pas trouver les jumeaux dans sa salle de cours, essayant de calmer l’esprit tourmenté de son fils à cette constatation pendant qu’il tente de faire cours. Quelque chose ne va pas, même s’il n’arrive pas à mettre le doigt dessus. Peut-être qu’ils ont simplement attrapé la grippe de David, peut-être oui. Mais la famille Lehnsherr est Mutante et de ce fait ils courent un danger. Un danger parce que les Humains ne sont pas si tolérants, malgré ce siècle qui le crie à tort et à travers. Légèrement inquiet, c’est vers la fin du cours que quelque chose arrive. Soudainement, Charles écarquille les yeux et espère tenir. L’appel mental qu’il reçoit est violent. Violent et douloureux. Il s’accroche à son bureau, essayant d’ignorer les murmures des élèves qui se demandent ce qui se passe. Sans pouvoir tenir, une goutte de sueur roule le long de la tempe de Charles qui plie un genou à terre. David s’approche immédiatement, très inquiet pour son père. Charles finit par se redresse, se tenant au bureau de toutes ses forces.

— Je… je suis désolé la… la classe est terminée. Rentrez chez vous…

Oui, comme il le pensait, quelque chose est arrivé. Wanda appelle à l’aide du plus fort qu’elle en est capable et Charles se concentre une fois la classe vide. Elle a froid. Elle a peur. Elle est même… terrifiée. Elle est glacée et se sent perdue. Cherchant un peu, il se rend compte que Pietro ressent la même chose. Que Lorna est en colère. Qu’Erik se retient de ne pas réduire son appartement en miettes. Ni une ni deux, il prend David par la main et se dirige en courant vers la voiture. Tant pis, il s’expliquera avec l’administration demain mais pour le moment, il y a urgence. Les nuits sont glaciales sur Oxford en hiver et cette nuit-là prévoit d’être particulièrement froide. Ils ne peuvent pas rester dehors, où qu’ils se trouvent. Mentalement, Charles envoie un message à Wanda pour qu’elle se calme, lui promettant qu’il sera là rapidement. Cependant, il faut un détour par la maison aussi rapidement que possible pour prendre quelques couvertures et monte le chauffage dans la voiture. Une fois sur place, Charles descend de sa voiture et trouver la petite famille devant l’immeuble duquel ils ont visiblement été expulsé. Des sacs à leurs pieds, ils ne possèdent pas grand chose et ça se voit.

Le coeur brisé devant une telle vision, Charles s’approche doucement, des couvertures à la main qu’il enroule autour des épaules des deux jumeaux, ainsi que de Lorna. Puis il fait la même chose avec Erik, plaquant sur son visage un sourire qui se veut rassurant mais qui n’est que triste. La dure réalité a rattrapé la famille Lehnsherr et il s’en sent terriblement désolé pour eux.

— Venez habiter à la maison, je vous ouvre mes portes. Vous ne pouvez pas rester sous le froid par ce temps. Nous essayeront de trouver une solution plus tard.

Sans leur laisser le temps de réfléchir, David ouvre la porte arrière de la voiture, attendant que tout le monde monte à bord, directement la résidence Xavier.
Erik Magnus Lehnsherr
Erik Magnus Lehnsherr
Ils ont froid, ils ont peur, ils n’ont rien. Tout était déjà meublé à leur arrivée, c’est bien pour ça qu’Erik avait choisi cet appartement initialement. Mais une dispute entre Lorna et lui aura tout fait basculer, et aura fait connaître la rue quelques heures tout au plus à ses enfants. Une chose qu’il ne voulait pas, jamais. A aucun moment de sa foutue vie. Et ces types, qui l’insulte devant ses enfants, qui insulte ses enfants, Erik a envie de le tuer. La seule chose qui le retient réellement, ce sont justement ses enfants qui sont témoins. Ses jumeaux accrochés à l’un de ses bras, l’Allemand retient Lorna de l’autre parce qu’elle est tellement furieuse qu’elle est prête à tout saccager, elle aussi.

Juste pour une histoire d’école, ils se sont retrouvés à la rue. Juste parce qu’Erik a voulu aider sa fille, qui elle ne veut manifestement pas être aidée. Pas assez mature dans son comportement. Ils sont obligés de descendre, et d’aller attendre en bas de l’immeuble parce que Wanda a fini par avouer qu’elle avait appelé mentalement à l’aide. Nul doute que Charles va intercepter le message et il grimace un peu, Erik. Ça n’est clairement pas dans ses habitudes de se faire aider, même de se faire loger mais il n’a guère le choix et il en est bien conscient. Refoulant tous ses principes de côté, il s’accroupit pour sourire à ses enfants.


Wanda ? Regarde-moi… Ça va bien se passer, d’accord ? Tout va bien…

Il essuie au mieux les larmes des joues de la petite rouquine, et serre les jumeaux forts contre lui, tandis que Lorna reste silencieuse, transie de froid elle aussi. Wanda se sent rassurée quand elle reconnaît la voiture de Charles se garer devant leur ancien immeuble, et quel n’est pas le soulagement d’Erik en voyant les couvertures épaisses sur les épaules de ses enfants. Il n’y a pas le temps de discuter, qu’il pousse surtout Lorna à avancer - les jumeaux s’étant déjà réfugiés sans hésiter dans la voiture où règne une chaleur des plus agréables. L’adolescente s’installe en silence et Erik est le dernier à s’installer, refermant la portière derrière lui en frissonnant de froid. Il n’a pas envie de sourire, parce qu’il est inquiet, en colère et triste à la fois. Inquiet pour ses enfants, en colère contre sa fille aînée mais surtout les propriétaires et enfin triste parce qu’ils se retrouvent à la rue - enfin techniquement, ils ne vont certainement pas y rester, le télépathe ne le permettrait pas.

Une fois à la résidence Xavier, les enfants descendent en premier pour aller se réfugier très vite à l’intérieur. Il neige, et c’est certain qu’ils n’auraient pas pu survivre bien longtemps avec un froid pareil. Une lueur reconnaissante brille dans le regard d’Erik, qui tourne la tête vers Charles avant de descendre à son tour de la voiture, récupérer les sacs de ses enfants, jetant celui de Lorna à sa propriétaire qui le réceptionne au mieux, prendre le sien et finalement rentrer à son tour se mettre au chaud. Il s’inquiète pour ses enfants, n’ayant pas envie qu’ils attrapent un sale rhume ou pire, une grippe. Ils sont restés un moment dehors, le manipulateur de métal ayant négocié un moment avec ce sale type.


– Si tu m’avais laissé tranquille…, lâche Lorna dédaigneusement à son père.

Tu insinues que c’est de ma faute si on a été mis dehors ?, réplique Erik en fixant sa fille, les yeux plissés.

Le père et la fille se foudroient du regard et Erik doit inspirer profondément pour ne pas gifler son adolescente de fille pour la redescendre sur Terre et ce devant tout le monde. Il n’a pas envie que Wanda et Pietro soient effrayés, de même que David et probablement outrer Charles. Même si les deux télépathes et David ont dû clairement ressentir cette pensée qu’Erik n’a même pas pris la peine de cacher.


– J’insinue que je t’ai rien demandé !

Ne me pousse pas à bout, Lorna, prévient simplement Erik sans la quitter des yeux.

Ce petit manège dure quelques secondes, jusqu’à ce que l’adolescente aux cheveux verts finisse par détourner les yeux et se taire. Là seulement, l’homme au magnétisme se détend à peine.
Charles Francis Xavier
Charles Francis Xavier
Il y a une tension dans l’air et Charles n’a même pas besoin d’être dans l’esprit de quiconque pour le ressentir. C’est lourd dans l’air, ça n’est ni agréable ni apaisant. Le télépathe grimace au volant, jetant un coup d’oeil aux enfants au travers du rétroviseur. David, à côté de lui, joue avec ses doigts et ne semble pas vraiment porter la moindre attention à ce qui est en train de se passer dans cette voiture. Ou peut-être ressent-il l’inconfort de tout le monde et se contente de faire comme s’il ne voyait rien. Soupirant doucement, Charles conduit en silence jusqu’à la maison, ayant eu le temps de réfléchir sur le chemin du retour. À cause de la bêtise d’une adolescente, il a du rater un jour de cours. Pour David, ça n’est pas bon. Non seulement il n’apprend pas mais en prime de ça, ça brise ses habitudes. Sans doute fera-t-il une crise d’angoisse dans la soiré ou sera-t-il instable pour les jours à venir à cause de ça. Et Charles, il est prêt à tout pour ne pas que son enfant soit trop perturbé ou qu’il soit angoissé. Refoulant ce qu’il ressent -ça n’est pas le moment de reprocher quoi que ce soit à qui que ce soit-, il laisse tout le monde descendre et à son tour, entre dans la résidence, assistant à l’échange entre Erik et Lorna. Il grogna, serrant les poings, ayant capté l’envie de gifler de l’Allemand.

— Jeune fille, tant que tu seras sous ce toit, je te prie de parler à ton père ainsi que toute personne qui se trouve ici avec respect. Et ne t’avises pas de fuguer sous prétexte que tu seras mieux ailleurs, parce que tu n’as nul part où aller.

S’il est une chose que Charles a appris au cours des dernières années -être en contact avec des presque adolescents l’a aidé sur ce point-, c’est que face à une personne de l’âge de Lorna, il ne sert à rien d’être dans la douceur quand il n’y a que de la colère en face. L’ignorance, souvent, est une arme qui fait des merveille sans en venir aux mains ou aux mots trop durs. Il détourne donc le visage et laisse l'adolescente monter dans sa chambre alors que lui-même part s’occuper des chambres des deux jumeaux. Comme la première nuit qu’ils ont passé ici, tout est prêt. De larges lits pour tout le monde -Erik compris-, une salle de bain correctement nettoyée et remise en place pour être sûr que tout le monde puisse faire ses ablutions sans problème, de quoi lire sur les tables de chevet de tout le monde et des veilleuses aux prises électriques près des portes. Soupirant de fatigue -cet appel mental était vraiment douloureux-, Charles se masse les tempes en revenant dans le salon, retrouver Erik qui semble attendre.

— Je suis vraiment désolé qu’une chose pareille vous soit arrivé… veux-tu que j’aille parler au propriétaire ? Je peux… lui faire changer d’avis ou le faire oublier.

Dit-il en se tapotant la tempe. Charles peut faire ça et c’est une des merveilles de sa mutation. Pouvoir modifier la mémoire de quelqu’un, pouvoir tout lui faire oublier; faire en sorte qu’un événement ne soit jamais arrivé. Il ne le fait jamais sans une demande expresse, ou sans qu’il n’ait pas le choix d’en arriver là, d’ailleurs. Cependant, si Erik et sa petite famille restent vivre ici, ils n’auront au moins plus à s’inquiéter de pouvoir payer un loyer ou pour diverses dépenses, Charles lui-même étant bien plus que riche. David finit par s’approcher, le visage fermé.

— Lorna elle est en colère.
— Je sais, sunshine. C’est une jeune femme qui a du mal à gérer ses émotions mais tout va bien aller. Ca ne te dérange pas qu’ils restent ici quelque temps ?
— Non. Mais j’ai peur de Lorna.

Grimaçant, Charles s’accroupit devant son fils pour lui embrasser le front.

— Va aider Wanda et Pietro à s’installer, nous en parlerons plus tard quand tout le monde sera calme. D’accord ?

Le petit garçon hoche la tête et file directement à l’étage, trottinant tranquillement. Charles se redresse, passant une main dans ses cheveux et se tournant vers Erik.

— Tu veux… me parler de ce qui s’est passé ?
Erik Magnus Lehnsherr
Erik Magnus Lehnsherr
Actuellement, c’est impossible de savoir de qui Lorna ou Erik est le ou la plus étonné(e) de ce que vient de dire Charles, qui prend le parti de l’Allemand. L’adolescente, elle fronce les sourcils en serrant les poings, si bien que certains objets métalliques se soulèvent lentement, cependant très vite remis en place par Erik qui n’a pourtant pas bougé un muscle.

– Vous vous prenez pour qui ? Vous êtes qui pour me dire tout ça ?, crache-t-elle avant de détourner les talons et monter dans sa chambre qu’on lui a attribué dans la résidence.

Rien que pour les contrarier, Erik sait parfaitement que Lorna est capable de fuguer. Sans doute a-t-elle hériter de l’esprit très provocateur de son père, qui passe son temps à défier les autorités et les pousser à bout. Cependant, Lorna est encore trop jeune pour s’amuser avec les autorités et elle teste déjà les limites de l’autorité et la figure paternelle. Wanda et Pietro ont préféré aller à l’étage pour rester tous les deux en attendant, restant loin de la colère de Lorna même s’ils savent qu’elle ne leur fera rien. Après tout, elle a toujours cherché à les protéger. Mais l’adolescente se contente de claquer la porte, faisant comme chez elle le plus naturellement du monde.

Et naturellement, Erik roule des yeux en allant s’assoir dans le canapé et se masser les tempes, pris d’un mal de crâne. La journée a été longue, bien pourrie et elle risque de mal se terminer aussi, il le sait, comme une évidence et il se met même à somnoler, jusqu’à ce que le télépathe vienne le tirer de son demi-sommeil. Se redressant quelque peu, l’Allemand pousse un long soupir.


Ça ne sert à rien de lui faire changer d’avis. Il a dû aller dire à tous les voisins qu’on est des Mutants, donc il faudrait effacer la mémoire de dizaines de familles.

De nouveau, il se passe ses mains sur son visage, essayant de vider son esprit en écoutant la nouvelle question du professeur. Là, il lève un oeil vers lui.

Lorna ne voulait pas aller en cours ce matin mais juste sortir, et ne voulait pas me dire pourquoi ni me dire où elle voulait aller. On s’est disputés, et sous la colère elle a arraché les câbles électriques du poteau dehors. J’ai retenu le poteau à temps et ça a suffit à nous démasquer.

Erik lève un oeil vers le plafond, avant de clore les paupières et se les masser de son pouce et son index, réfléchissant déjà où ils vont pouvoir s’installer, si la rumeur comme quoi ils sont des Mutants ne va pas se colporter. Une autre crainte envahit le manipulateur de métal qui se redresse ; espérant qu’on ne l’a pas reconnu. Sans être un fugitif particulièrement dangereux - enfin, ça dépend comment on le voit -, il est parti en mauvais terme des Etats-Unis, et il n’a aucune envie de se faire arrêter maintenant, alors qu’il est innocent.

Elle est comme ça depuis un moment et ça m’inquiète. Elle revient avec des bleus qu’elle essaie de cacher mais je le vois bien. Elle s’entête à ne rien vouloir me dire, même si je souhaite l’aider. Et quand elle n’est pas contente…, Erik soupire. Elle se fâche.

Comment lui en vouloir ? L’Allemand est pareil, dans le fond. A s’énerver dès que quelque chose le contrarie, à ne pas vouloir accepter l’aide de qui que ce soit par pure fierté. Mais en grandissant il a su s’assagir donc il n’y a aucun souci avec lui. Même ses jumeaux sont beaucoup plus calmes, Pietro compris.

Navré de t’avoir fait déplacer, Charles. Je ne voulais certainement pas vous bousculer, David et toi.
Charles Francis Xavier
Charles Francis Xavier
— Effacer la mémoire d’autant de monde ne serait pas si délicat, seulement un peu fatiguant. Mais c’est tout à fait dans mes cordes, si toutefois tu es d’accord avec ça.

Avant de revenir dans le salon, Charles s’est permis d’apporter un cachet d’aspirine en train de se dissoudre dans le verre d’eau qu’il pose sur la table en face d’Erik. Non pas qu’il ait lu dans ses pensées, mais n’importe qui aurait un sacré mal de tête après une journée pareille, lui-même peut le comprendre mieux que quiconque. Le pouvoir de Charles est parfois instable, en lien direct avec ses émotions. Il suffit qu’il passe une mauvaise journée pour qu’une migraine atroce le fasse souffrir jusqu’au petit matin, pour qu’il ne soit qu’à peine capable de se lever pour aller s’avachir dans son lit. Autant dire qu’à la mort de Gabrielle, il a connu de nombreuses nuits sans sommeil. Cependant, il sait très bien qu’il n’a pas son mot à dire sur quoi que ce soit parce qu’au final, ça n’est pas lui ni sa famille qui s’est retrouvé à la rue, et il peut sans mal imaginer à quel point ce serait terriblement si une chose pareille leur arrivait, à David et lui. Ce serait à coup sûr une catastrophe dont le petit garçon aurait du mal à se remettre.

— Je vois… effectivement c’est délicat. L’adolescence est toujours délicate mais c’est un problème, c’est sûr. Est-ce qu’elle porte encore le pendentif que je lui ai donné ? Parce que le Conseil a entendu ma voix Erik, et je sais de source sûre qu’elle ne se fait plus embêter à l’école. Tu ne sais pas si elle a quelqu’un dans sa vie ? Une mauvaise influence peut peut-être expliquer son comportement.

Charles est un père dans l’âme et ça se sent. Même s’il a fermement repris Lorna sur sa façon de parler -maintenant qu’elle habite ici, il faut qu’elle ait au moins du respect pour les habitants de cette maison ou se montrer un peu reconnaissante-, il ne peut pas s’empêcher de s’inquiéter. Erik est inquiet, il est fortement concerné et il ne faut pas être télépathe pour le comprendre aisément.

— Elle a besoin d’apprendre à mieux maîtriser sa mutation pour ne pas qu’elle détruise trop de choses autour d’elle dans sa colère.

Comment ne pas hériter de la colère de son père ? Charles sait très bien qui est Erik, mais c’est quelqu’un qui a foncièrement foi en l’être humain, qu’il soit mutant ou qu’il n’ait pas le moindre pouvoir. Il croit en tout le monde, sans doute est-ce une tare mais à ses yeux, c’est une force. En douceur, il vient poser sa main sur cette de son ami et doucement, lui sourit. Certes, ça n’est qu’un sourire face à ce qui vient de leur arriver, face au fait qu’ils n’ont plus de chez eux attitré, mais Charles espère en son fond que ça aidera déjà Erik à s’apaiser. S’il n’est pas apaisé lui-même, alors sans doute n’arrivera-t-il pas à expliquer calmement la situation à ses enfants. C’est la difficulté d’être père et mutant à la fois.

— Pour le moment, ne t’inquiète de rien. Vous logerez ici autant que vous le souhaiterez. Ni l’argent ni la nourriture ne manquent ici, et s’il le faut j’enverrais quelques serviteurs acheter des vêtements pour vous tous, ou des meubles qui vous conviendront bien mieux que ceux qui sont ici. Vous êtes chez vous et Erik je t’en prie, si quoi que ce soit peut t’aider à te sentir bien entre ces murs, n’hésite pas à m’en parler ou à un de mes serviteurs.
Erik Magnus Lehnsherr
Erik Magnus Lehnsherr
Tu ne pourras pas retrouver toutes les personnes qui le savent, Charles, parce que tu n’as aucune idée de qui le sait et qui ne le sait pas.

Ce genre de rumeurs concernant les Mutants, ça se disperse aussi rapidement qu’une trainée de poudre. Sur l’instant, Erik se sent un peu dépassé par la situation même s’il a un toit sur la tête, même s’il sait qu’ils vont pouvoir dormir dans des lits plus que confortables, qu’ils vont pouvoir manger à leur faim et qu’ils n’auront pas de souci d’argent pour le moment, avec ce que vient de lui dire Charles. Le rouquin attrape le verre entre ses doigts pour l’avaler d’une traite, tournant un regard reconnaissant vers le télépathe, et il tourne l’objet entre ses doigts pensivement.

Ça n’est pas à l’intérieur de l’école le souci, c’est ce qu’il se passe dehors, une fois qu’elle sort. Elle se bat ou se fait du mal, parce qu’elle revient souvent avec des bleus et des écorchures.

Erik marque une pause, il sait très bien pourquoi sa fille est comme ça, pourquoi elle commence à rendre les coups qu’on lui donne. Déjà, elle prend exemple sur son père qui lui a toujours rendu ce qu’on lui a porté comme coups, et de manière à ce qu’on ne s’en prenne plus à lui, mais aussi pour une toute autre raison.

Lorna… A perdu sa mère et deux de ses soeurs, dans la même journée. Une fusillade dans un centre commercial. Elle avait cinq ans. Pietro et Wanda n’étaient pas encore nés, Erik semble se perdre dans cette histoire, fixant un point vide devant lui. Anya, c’était ma fille ainée. Je l’avais eu d’un précédent mariage mais sa mère est morte un an après sa naissance. La mère de Lorna et Zala, ma deuxième femme, l’aimait comme sa propre fille et Anya l’appelait ‘Mama’ naturellement. Elle, ma fille ainée et ma fille cadette, Zala, sont parties faire des courses et… Elles ne sont jamais rentrées.

Erik s’est perdu dans ses explications, ignorant s’il est clair ou non, mais il continue, désireux de vider son sac, du moins en parti, parce que Charles est visiblement le seul à l’écouter depuis toutes ces années et ça lui fait énormément de bien d’en parler. C’est douloureux, mais en même temps ça lui allège la conscience.

Elle m’en a toujours voulu parce que… Je n’étais pas là ce jour-là. Je travaillais, ma compagne avait un jour de congé et s’occupaient des filles parce que c’était les vacances. Lorna était la seule à rester à la maison parce qu’elle était malade, et on avait engagé une nounou pour veiller sur elle. Elle m’en veut parce que j’aurais pu arrêter les balles et toutes les sauver.

Un long soupir lui échappe.

Et elle m’en a voulu que je me remarie une troisième fois, et que j’aie d’autres enfants parce qu’elle a toujours été persuadée que je remplaçais sa mère et ses soeurs. Après coup, elle a adoré Pietro et Wanda et elle s’est beaucoup rapprochée de moi parce qu’elle n’aimait pas sa ‘belle-mère’.

L’homme au magnétisme repose le verre sur la table en relevant les yeux vers Charles, réalisant ce qu’il vient de lui dire et il secoue la tête légèrement.

Je sais qu’elle voit quelqu’un, même si elle ne veut pas me le dire. Parce que toute sa rancune s’est réveillée au début de l’année scolaire quand elle a eu tous ces problèmes. Maintenant elle préfère aller attendre ses camarades en dehors pour régler ses comptes à l’extérieur. Qu’elle maîtrise ou non sa mutation, ça ne changera rien parce qu’elle s’en servira dans sa colère quoiqu’il arrive. Plus elle maîtrisera sa mutation et plus de ravage elle causera après coup. Sur ce point… Elle a décidé de m’imiter et de prendre le pire de mon caractère comme exemple. C’est sa colère qu’elle doit parvenir à maîtriser, avant de contrôler sa mutation.

C’est ça qu’il craint, Erik. Que sa fille devienne comme lui. A vouloir se venger de tous ceux qui lui ont fait du mal un jour dans sa vie. Le rouquin n’en a pas envie, parce que la colère a bouffé une grosse partie de sa vie et continue de le ronger au fond de lui même s’il s’efforce de rester tranquille, pour ses enfants. Jamais Erik ne s’est montré aussi bavard que ce soir, mais probablement que cette expulsion lui a délié la langue, qu’il avait besoin de se confier pour une fois, parler de toutes ces choses qui le hantent et partager son inquiétude concernant sa fille aînée.
Charles Francis Xavier
Charles Francis Xavier
Charles a déjà vu un cas pareil se présenter des dizaines de fois à l’école. Un enfant dont il entend les pensées, un enfant malheureux parce qu’un de ses parents est un mutant et s’est fait démasqué. Un enfant terrorisé à l’idée même de ne plus voir ni son père, ni sa mère le soir en rentrant des cours. Et Charles le pire, c’est qu’il n’a jamais rien pu faire pour ça. Il n’a jamais rien pu dire, il n’a jamais pu donner la moindre tape encourageante dans le dos parce que ça serait se trahir à son tour et risquer de mettre en danger David. Et David, il est encore beaucoup trop fragile pour affronter ce grand monde qui fait peur. Parce que tout lui fait peur à ce pauvre enfant et que son père lui, n’est dédié à son bien être. Cependant là, il sent bien que toute la famille Lehnsherr ne sait plus quoi penser et ça lui fait presque mal à la tête. Erik est perdu, il a peur aussi, quelque part. Lorna se sent coupable et ne ressent presque que de la colère. Les jumeaux eux sont désorientés, ravis d’être de retour dans une grande maison chaude mais confus de ne pas être chez eux.

— Mon Dieu… tu penses qu’elle se fait du mal ? Je n’ai jamais… rien senti qui ressemblait à ça, en sa présence.

Parce que oui, Charles sonde toute personne qui s’approche de lui et c’est devenu un tel réflexe qu’il n’y fait même plus attention. C’est d’ailleurs ce qui lui a valu d’être découvert si rapidement par le manipulateur de métal, parce que ce dernier a senti cette intrusion très caractéristique dans sa tête. Mais jamais, jamais Charles n’a été confronté à l’idée même d’un adolescent qui pourrait se faire du mal et ça le met très mal à l’aise. Pour lui, le corps est quelque chose de sacré que l’on offre selon son bon vouloir mais que l’on doit traiter avec respect parce que c’est un vaisseau. Et sans conducteur, alors il n’a plus lieu d’être. Sans doute la plus grande angoisse du professeur est de ne plus pouvoir marcher, d’ailleurs. Soupirant doucement, nerveux, il passe une main dans sa chevelure qu’il replace en arrière. Là maintenant tout de suite, s’il n’était pas si tôt, il aurait sorti un paquet de cigarettes et un bon verre de bourbon d’Angleterre.

— Oh Erik… Je… je ne pense pas qu’elle t’en veuilles, tu sais. Je pense qu’elle s’en veut elle-même de ne pas avoir été là pour user de son pouvoir. Je pense qu’elle s’en veut autant que toi.

Bienveillant, Charles sourit doucement, posant une main sur le bras d’Erik et lui offrant un verre d’eau. Il préfère être doux dans une situation pareille, vraiment reconnaissant à l’homme de se confier ainsi. Et ça doit lui faire du mal, sans doute est-ce la première fois qu’il le fait vu sa propension à une certaine rigidité. Soupirant une fois encore, le professeur se replace dans le canapé, croisant les jambes et posant ses mains sur ses genoux. Bien sûr qu’il connaît le passé d’Erik. Bien sûr qu’il s’est renseigné avant de faire entrer ce qui était encore un inconnu le mois dernier dans sa propre maison. Cependant, il voit du bon en cet homme et ça le rassure. Il n’est pas que colère et dédain, il peut aussi être douceur et volupté.

— Vous êtes très semblables, c’est vrai. Tu devrais sans doute aller lui parler d’ici quelques heures, le temps que les esprits se calment. Je lui ferais monter un repas dans sa chambre, si elle ne veut pas descendre dîner avec tout le monde. Tu es d’accord ?
Erik Magnus Lehnsherr
Erik Magnus Lehnsherr
Les enfants sont de bons menteurs, les adolescents aussi. Je ne serais pas surpris si… Enfin. Je me sentirais vraiment très stupide et inutile de n’avoir rien vu avant.

Erik pousse un soupir, vraiment las. Lui-même, plus jeune, était un très bon menteur pour ne pas inquiéter sa famille. Il se dit juste, en ce moment, que sa fille aînée a vraiment pris tout le mauvais de son père. Il n’est pas télépathe mais il reste d’une perspicacité redoutable et ses enfants ont beaucoup de peine à lui cacher des choses. Mais Lorna s’améliore de plus en plus. Ça a commencé avec les cours qu’elle séchait ; Erik n’y voyait que du feu parce qu’il travaillait énormément. Ce, jusqu’à ce que l’école l’appelle pour le prévenir. Combien de choses encore elle lui cache ?

Elle était gamine, Charles. Elle n’avait même pas conscience de sa mutation à ce moment-là. Elle savait pour la mienne. Et elle me l’a dit, qu’elle m’en voulait. C’est gentil, de vouloir me rassurer, mais le fait est que tu n’en sais rien… Et que je n’ai pas besoin qu’on m’enrobe les choses de sucre.

Erik pose le verre d’eau sur la table, se penchant en avant pour se prendre le visage un instant entre les mains, les coudes posés sur ses genoux, et pousser un long soupir. Un nouveau soupir. L’Allemand est bien conscient que Charles veut l’aider, le rassurer et voir les choses du bon côté, mais comment il peut affirmer une chose pareille, que tout va bien dans une famille où la Mort est venue de trop nombreuses fois pour leur rendre visite ? Il n’y croit tout simplement pas, aux paroles du brun, et presque comme un mécanisme de défense, il a volontairement fermé son esprit. Si Charles utilise plus de puissance, c’est sûr qu’il pourra passer outre les défenses du manipulateur de métal. Erik peut parer les petites intrusions mais pas les assauts plus puissants.

Il ne relève pas non plus les yeux quand le télépathe se rassoit dans le canapé, semblant réfléchir à tout ça, ou au contraire, se vider intégralement la tête.

Parfois, Erik se sent à bout et ne sait plus quoi faire avec ses enfants. Se remarier une quatrième fois ? Avoir d’autres enfants ? 
Certainement pas.
L’homme est fatigué d’avoir peur pour ses enfants, que la Mort les emporte eux aussi. Il sait très bien qu’il ne s’en remettra pas, d’une nouvelle perte et aussi parce qu’il en a assez de tout perdre autour de lui.

Encore aujourd’hui, il a réussi à perdre sa maison. Et peut-être que demain, il perdra son travail parce que la rumeur va se répandre comme une traînée de poudre. Ça lui donne mal au crâne, ces problèmes. Peut-être qu’il devrait juste aller dormir et ne pas se lever au lendemain pour aller travailler. Peut-être, qu’au contraire, il ne se passera rien et tout ira bien.
Mais il n’y croit pas, Erik. Il n’y croit plus. Il n’a jamais eu confiance dans les Humains et ça ne changera probablement jamais. Ses compagnes l’étaient, mais elles ne sont plus de ce monde.

La seule chose qui le force à tenir debout, ce sont ses enfants. Il garde la tête hors de l’eau pour eux mais lentement, il commence à se noyer.

Et actuellement, il ne s’attend pas à pire.
Jusqu’à ce que Wanda ne les rejoigne en courant, les larmes aux yeux.


– Papa, papa ! Lorna… Elle est plus dans sa chambre.
Quoi ?

Erik s’est presque étranglé dans sa réponse, s’étant levé d’un bond. Il ne s’attendait pas au pire, et le pire est finalement venu à eux directement.

Wanda, elle est où ?
– Elle… Elle se dirige vers… vers le parc pas loin de l’école…
Charles, veille sur Pietro et Wanda, je vais la chercher.

Pietro évidemment, il est revenu lui aussi mais il a quand même attendu David pour ne pas le laisser tout seul, pas avec autant d’agitation. Ni une, ni deux et sans rien écouter - rien n’arrête Erik quand il est en colère et là, manifestement, c’est bien le cas. Une colère provoquée par l’inquiétude et la fatigue, mais surtout une immense peur qu’il arrive quelque chose à sa fille.

Et les deux prochaines heures qui passent, l’homme au magnétisme n’est pas rentré mais il a retrouvé Lorna. Et tous deux ont besoin d’être isolé pour ne causer de tord à personne, vu leurs pouvoirs respectifs.

Ça fait pleurer Wanda, très sensible, surtout avec tout ce qu’il se passe, parce qu’il n’est pas difficile pour capter autant de colère, et Pietro s’agite nerveusement sans rien dire, très confus et ne comprenant pas tout.
Charles Francis Xavier
Charles Francis Xavier
Charles sait bien qu’il ne devrait pas être vexé du ton de parole d’Erik et du fait qu’il semble le remettre à sa place. Il a bien conscience que la situation est critique et qu’il est inquiet, sans doute est-ce la raison pour laquelle il est si tendu, la raison pour laquelle il dégage tant de mauvaise énergie. Ca brouille les sens du télépathe qui plisse les yeux un instant, comme à chaque fois qu’il ressent quelque chose de trop fort. Oh ça ne vient pas de lui; non; ça vient de la colère d’Erik et de son inquiétude. Pour ça, Charles ne peut pas lui en vouloir. Père d’un enfant autiste et mutant, il ne sait que trop bien ce que c’est que de s’en faire pour son enfant toute la sainte journée et c’est l’exacte raison pour laquelle dès la naissance de son fils, il s’est mis à étudier pour devenir professeur. Avoir un père qui est à l’école et à la maison ça n’est sans doute pas l’idéal pour David, mais Charles se sent rassuré de pouvoir veiller sur son fils toute la journée sans devoir le sonder à distance. Alors oui, il sait bien qu’il ne devrait pas en lui en vouloir parce qu’il le comprend très bien au fond, mais ça ne l’empêche pas de grimacer doucement aux mots d’Erik.

Erik est un homme qui ne se laisse pas impression, surtout aux vues de son passé. Un homme qui s’est battu pour la liberté au prix de la sienne et qui a du fuir un pays qui ne voulait plus entendre ses paroles. Ca ne doit pas être facile; et c’est en ça qu’ils sont foncièrement différents. Un homme né dans le luxe qui n’a jamais manqué de rien et peut se permettre toutes sortes de fantaisies, un autre forcé de fuir pour protéger sa famille qui aujourd’hui se retrouve sans un foyer. Ne trouvant rien à dire de plus pour ne pas envenimer la situation, Charles se contente de serrer doucement l’épaule du manipulateur de métal du bout des doigts, en espérant qu’il finisse par calmer cette colère en lui. Sans doute cela n’arrivera-t-il jamais voilà ce qui caractérise Charles le plus : il porte l’espoir en lui comme certains respirent. Il croit dur comme fer que toute personne, même mauvaise, peut s’avérer utile et souriante si on leur en donne l’occasion. D’où la raison pour laquelle il a vient d’ouvrir sa maison à une famille entière.

Il s’apprête donc à répondre quelque chose lorsque Wanda arrive en panique. Une panique que le télépathe sent et il fronce les sourcils. Lorna s’est enfuie. Elle a donc fugué en ne respectant pas les règles d’une maison qui n’est pas la sienne. Légèrement en colère par rapport à cette situation, Charles hoche la tête pour signifier à Erik qu’il va garder les enfants et qu’il n’a pas à s’en faire, le laissant ainsi fuir la maison lui aussi. Les heures qui passent sont terriblement épuisantes. Charles essaye d’apprendre à Wanda à contrôler sa télépathie, à essayer de faire abstraction du malheur d’autrui qu’elle capte évidemment. C’est quelque chose que le professeur a apprit à faire très tôt, se rendant bien compte, à son plus grand malheur, qu’il ne pouvait pas sauver tout le monde. Dans un même temps, il essaye de canaliser Pietro en lui induisant de se calmer; pendant que David panique sans dire le moindre mot. Finalement dépassé, il leur propose à tous d’aller préparer tous ensemble le dîner pour les occuper. David reste dans un coin, assis par terre, à gratter nerveusement le plancher.

L’heure du dîner approche et ni Lorna ni Erik ne sont rentrés. Leur colère est ressentie à des kilomètres à la ronde et Charles se sent terriblement épuisé. Soupirant, il se sert un verre de vin en aidant les enfants à cuisiner, accompagné du valet qui possède le même pouvoir que Pietro, pour ainsi aider ce dernier à rester en place. Charles lui, est dans l’attente de la moindre nouvelle. Il se demande si finalement ça n’était pas une mauvaise idée; au-delà de son envie d’aider son prochain, il se rend surtout compte que cette vie qu’il a mise en place; une vie calme pour David; pourrait rapidement partir en miettes à cause de la colère d’une adolescente. Et Charles, il est prêt à la calmer par la force qu’il le faut, pour le bien de son fils.
Erik Magnus Lehnsherr
Erik Magnus Lehnsherr
Dans un coin calme, éloigné, Erik s’explique avec Lorna. Elle lui jette absolument tout ce qu’elle a sur le coeur, elle avoue tout ce qu’elle n’a pas pu avouer pendant des années, de peur de faire du mal à son père ou même à son frère et sa soeur. Elle pleure, beaucoup. Et elle tente d’attaquer son père avec ce qu’elle trouve, ce qui réagit à son magnétisme.

Ils se sont isolés, Erik ayant obligé sa fille à le suivre jusqu’à la forêt avoisinante. Quitte à ce qu’elle l’attaque, autant que ce soit discrètement et ils ont pu prouver qu’il y avait plus de choses en ferrailles dans cette forêt que ce qu’on le veut bien faire croire. Mais le pouvoir de Lorna est faible face à celui de son père, qui n’a aucun mal à détourner les objets, ou simplement les renvoyer au sol avec une facilité déconcertante. Elle veut se lâcher, l’adolescente, elle veut se lâcher jusqu’à ce qu’elle n’en puisse vraiment plus.


– Si t’avais été avec maman… Elle serait pas morte !
Ça suffit, Lorna ! Si j’avais été avec ta mère, j’aurais pu être tué aussi ! Une balle que je vois, je peux l’arrêter, mais une balle qu’on me tire dans le dos, je…
– Tu mens ! Tu fais que mentir ! Tu aurais pu la sauver…
J’aurais pu la sauver comme j’aurais pu mourir et tu te serais retrouvée orpheline. C’est ça que tu veux, Lorna ?

La jeune fille, elle ne répond rien. Mais elle a des larmes pleins les yeux alors que ses épaules s’affaissent et finalement, elle capitule, se jetant dans les bras de son père pour y pleurer longuement. Naturellement, Erik resserre sa prise sur elle, pour la rassurer, une promesse silencieuse d’être là pour elle.

– Je… Je suis désolée Papa…
Écoute-moi… Jusqu’à ce que la situation s’améliore, on va habiter chez Charles.
– Charles c’est pas mon père, de quel droit il…

On est chez lui, par conséquent, on doit tous obéir à ses règles. Même moi, je ne peux pas faire ce que je veux sous prétexte que je suis adulte. On se doit d’être reconnaissant avec ce qu’on nous donne. Tu es l’aînée, Lorna. C’est à toi de montrer l’exemple à Pietro, Wanda et même à David.
– D’accord…
On rentre et tu vas présenter tes excuses à Charles, et à David.

– J’ai rien fait à David.
Peut-être, mais c’est un garçon sensible qui a besoin de sentir qu’il peut te faire confiance. Tout au plus, qu’il peut au moins se dire que tu ne lui feras jamais de mal.

La jeune fille aux cheveux verts hoche lentement la tête, pensive et soucieuse, avant d’attraper la main de son père pour qu’ils rentrent enfin ensemble après trois très longues heures d’absence. Inconscients tous les deux de l’état d’agitation des enfants plus jeunes, de l’état de fatigue de Charles. Oh, Erik s’en doute bien, mais il n’a pas envie de faire culpabiliser sa fille aînée davantage qui semble enfin avoir compris, mais surtout qui s’est totalement vidée après plusieurs années à ne rien dire. Ils rentrent ensemble, et Wanda saute sur ses pieds, toute heureuse de sentir les esprits de son père et de sa soeur totalement apaisé. Alors elle va à leur rencontre, suivit de près par Pietro, les deux fonçant sur leur père pour se serrer contre lui.

Souriant, Erik soulève ses deux jumeaux en suivant Lorna des yeux qui se dirige vers la cuisine, un peu plus timidement, avec beaucoup moins de fougue, pour aller à la rencontre de Charles.


– Charles…, commence-t-elle en se tortillant les doigts nerveusement. Je suis vraiment désolée de mon comportement, d’être partie, et de pas avoir suivi les règles…

Lorna est, après tout, une jeune fille très fière elle aussi, à l’image de son père et s’excuser lui coûte. Mais, comme son père, lorsqu’elle s’excuse, c’est sincère. Ce ne sont pas des mots en l’air destinés à faire plaisir, à faire entendre ce que l’on veut entendre.

– Et je suis désolée d’avoir fait peur à David, aussi. Je veux le protéger, comme je protège Pietro et Wanda.

Erik porte un regard très fier et aimant sur sa fille aînée, plus que satisfait et heureux que Lorna aie compris, qu’elle peut enfin mettre son esprit en paix ; au moins pour toutes ces choses. Ça lui donne aussi l’impression que malgré tout ce qu’il se passe, il continue d’être un bon père pour ses enfants.

Je suis fier de toi, Lorna.

L’adolescente rougit en fixant le sol, murmurant un ‘merci Papa’, en enroulant une longue mèche de cheveux autour de son doigt, très heureuse et le coeur gonflé de joie, d’entendre ces mots de la bouche d’Erik.
Charles Francis Xavier
Charles Francis Xavier
Les heures qui suivent sont les pires que Charles a connu depuis la décès de sa femme. Même la veille de la rentrée n’était pas si chaotique et ça le laisse si fatigué qu’il manque de trébucher plusieurs fois, à tenter de calmer les esprits de tout le monde en même temps. D’abord David, qui pleure dans un coin, assis contre un mur avant de finir par aller se cacher sous la table de la cuisine. Wanda elle, ne cesse de pleurer également ce qui n’arrange pas les choses et même si le professeur essaye de lui expliquer que ça n’est bon pour personne, la petite fille est bien trop inquiète pour réussir à s’arrêter. Pietro lui court dans tous les sens, sans doute pour essayer d’évacuer le trop plein d’angoisse en lui. Compréhensible, vraiment; mais Charles ne sait pas gérer autant d’enfants autour de lui. Il n’a toujours eu que David, un enfant certes autiste mais calme la plupart du temps lorsque l’on exclut les moments de crise. Ainsi, il se retrouve complétement débordé, demandant de l’aide à un de ses valets pour essayer d’attraper Pietro pour le calmer, à un autre qui tente de parler avec Wanda pendant qu’il essaye de communiquer avec un David complétement fermé.

Au bout de trois heures après leur départ, Lorna et Erik reviennent. Wanda se jette immédiatement à la rencontre de son père et Pietro suit alors que Charles en profite pour essayer de parler avec David. Ce dernier, beaucoup trop perturbé par toute l’angoisse autour de lui, s’est enfermé à l’intérieur de sa tête. Il fait flotter quelques objets autour de lui dans une tentative de défense évidente, refusant que qui que ce soit lui parle. Charles tente même un contact physique avec son fils qui hurle soudainement, avant de recommencer à fixer le sol en grattant le plancher du bout de l’index. Vaincu, en espérant que personne n’ait entendu le cri, le professeur promet de rapidement revenir et referme doucement la porte de la cuisine, se dirigeant bras croisés vers la porte d’entrée. Lorna baisse certes les yeux et s’excuse, mais il n’empêche que David va être perturbé pendant des jours et que Charles va devoir rester à la maison pour s’occuper de lui. Il va devoir rester ici, à s’occuper d’un enfant qui ne veut même plus lui adresser la parole à cause de la rancoeur d’une adolescente qui ne le regarde même pas. Soupirant, il sait très bien qu’en rajouter n’aidera probablement pas la situation mais il sait également que ça se produira de nouveau. Les fréquentations de Lorna resteront les mêmes, et ils vont au devant de sérieux ennuis.

— J’accepte tes excuses.

Oui Charles est en colère, il est déçu et ça se sent. Cependant, en bon Anglais, il décide de ne rien dire de plus et de se détourner simplement pour tenter de revenir dans la cuisine, laissant la petite famille régler ses comptes. C’est dingue, pense-t-il en marchant lentement; il a ouvert sa maison à des gens dans le besoin et Lorna s’est débrouillée pour traumatiser son enfant dès les premières heures. Il soupire une fois encore en secouant la tête; ça n’est pas le moment de se laisser abattre parce que David a besoin de lui. Il faut encore deux longues heures avant que le garçon ne se calme et s’endorme, fatigué par toutes ces émotions. Le portant entre ses bras, Charles demande aux valets de préparer le dîner, amenant David dans sa chambre pour qu’il se repose un peu. Et il reste avec lui, se faisant monter un repas bien plus tard dans la soirée une fois que tout le monde a dîné, prévenant au passage l’école par mail qu’il ne pourra pas venir travailler le lendemain, prévenant au passage de l’absence de David. Ca n’est qu’au bout d’une heure supplémentaire qu’il redescend dans la bibliothèque, se prenant un verre de vin bien mérité, allumant une cigarette en profitant d’être seul.
Erik Magnus Lehnsherr
Erik Magnus Lehnsherr
Erik réalise sans mal ce qu’il s’est passé en leur absence, à Lorna et lui, et il se retient néanmoins de soupirer. Les Anglais sont les champions en terme de ne rien montrer dans leurs émotions, collant toujours le même air sur leurs visages, qu’ils soient énervés ou non, tristes, joyeux et il en passe bien d’autres. C’est en ça que la télépathie est utile, admet-il. Surtout avec les Anglais. Mais c’est évident, se dit l’Allemand, ce que ressent Charles actuellement. Une colère qui gronde au fond de ses entrailles mais qu’il doit canaliser, refouler parce que c’est dans son caractère, sa culture. Parce qu’il n’osera peut-être pas crier sur Lorna, ou tout au plus, lui parler assez sèchement pour qu’elle comprenne.

La jeune fille n’est pas assez stupide, elle le voit aussi. Du moins, elle le ressent, et elle ne dit rien. Elle regarde ses pieds en silence après avoir présenté ses excuses, et Erik réfléchit. Le cri de David n’est pas passé inaperçu mais aucun de la famille Lehnsherr n’a dit quoique ce soit. Cela sert juste à le motiver à trouver très rapidement une nouvelle maison, pour déménager, et partir. C’est évident qu’ils ne conviennent pas à Charles et David, eux qui sont habitués à une vie de silence. Ses enfants, à Lehnsherr, sont de très bons vivants parce qu’ils n’ont que la joie pour combattre cette tristesse qui parfois les saisit droit à la gorge, tous, parce qu’ils ont tous perdus quelqu’un dans cette famille.

Si Pietro s’arrête, il déprime. Si Wanda se laisse aller, elle déprime. Lorna ? Elle déprime. Et Erik ? Il déprime aussi. Alors Pietro ne s’arrête jamais, et Wanda et Lorna jouent souvent ensemble pour se changer les idées, parfois avec leur frère, pour ne pas penser au pire, pour ne pas penser au manque qui leur serre à tous les trois le coeur.

La soirée se passe très calmement, bien plus que d’habitude. Lorna, Wanda et Pietro sont assis dans la cuisine avec Erik, et tous les trois mangent en silence. C’est très rare, quand ils sont tous aussi silencieux. C’est très rare, quand ils sont tous plongés dans leurs pensées. Wanda essaie tant bien que mal de fermer son esprit pour ne pas avoir à supporter les pensées des autres. Mais tous les quatre savent très bien qu’ils ne vont pas pouvoir rester ici. Charles ne peut pas s’occuper d’enfants qui ne sont pas les siens dans une situation de crise, pas avec David. Et il continuera à en vouloir aux enfants d’Erik de briser ce calme qui est Roi dans cette maison.


– On va rester ici ?, demande finalement Pietro pour briser le silence. C’est bien la première fois que le jeune garçon reste assis à table, en balançant juste ses jambes pour témoigner de son inconfort à rester immobile.
– Charles m’en veut, soupire Lorna d’une petite voix.

Les enfants ont compris que quelque chose de grave est en train de se passer, les plus jeunes comme l’aînée et Erik repousse son assiette doucement en les observant, bien conscient qu’ils sont stressés. C’est là où il doit jouer son rôle de père plus que d’habitude, pour les rassurer et leur montrer que tout n’est pas si noir. Qu’ils n’ont pas à s’incomber de fautes bien trop lourdes pour leurs frêles épaules.


Ça n’est pas grave, les enfants. Vous n’avez rien fait de mal. Toi non plus Lorna, tu n’es pas coupable. On a pas le droit de demander à des enfants aussi jeunes d’agir de manière mature et rationnelle, Erik marque alors une pause, en posant les yeux sur son seul fils. Alors non, Pietro, on ne va pas rester ici. Je vais essayer de trouver une maison rapidement, et on laissera les Xavier dans leur havre de paix.

Les trois enfants hochent la tête, même Wanda qui est surtout fatiguée. Erik, il a peur. Il a peur que l’équilibre mental de ses enfants ne s’effondre encore une fois. Il a eu énormément de mal à les convaincre que tout n’était pas si noir après la perte. Ça n’est pas pour que tout recommence pour une petite erreur. Parce que Lorna a l’audace d’être une adolescente qui se cherche, qui est très mal dans sa peau, qui ne s’accepte pas et qui a envie d’être auprès de sa mère.

Après le repas - aucun des quatre n’a mangé grand chose au final, bien trop plombés par l’ambiance, Erik monte mettre ses enfants au lit. Il chante une berceuse en hébreu à ses jumeaux, et il discute un bon moment avec Lorna jusqu’à ce qu’elle s’endorme. Enfin, il redescend à son tour avant d’aller s’assoir sur la terrasse et profiter de l’air froid, l’esprit fermé, ne sachant même pas quoi penser de toute cette situation.
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